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35 pages
Auteur(s)
L'Enfant prodigue
Scènes bibliques en 7 tableaux
A Paris, le cabaret du Chat Noir organise des spectacles d’ombres pendant presque onze ans. L’« inauguration des ombres japonaises » est annoncée le 26 juin 1886 dans la revue de l'établissement. Le théâtre d’ombres est pourtant en activité depuis déjà quelque temps car la même annonce précise que L’Éléphant en est à sa 195e représentation. Jusqu’à la mort du fondateur du cabaret, Rodolphe Salis, en mars 1897, le théâtre du Chat Noir, techniquement conçu par le peintre-décorateur Henri Rivière, présente presque une quarantaine de pièces. A l’instar des cafés concerts, puis comme le feront d’autres établissements de variétés et les music-halls, le Chat Noir offre des soirées éclectiques où s’alternent des pièces aux registres et aux formats variés : « outre la pièce principale, chaque spectacle comprenait de petits levers de rideau, de jolies fantaisies, en trois ou quatre tableaux » (mémoires de Henri Rivière). Trois types de pièces constituent le répertoire du Chat Noir : les pièces chantées, les pièces récitées et les pièces bonimentées.
Après La Tentation de Saint-Antoine (1886) et La Marche à l’étoile (1890), le poète-compositeur Georges Fragerolle et Henri Rivière collaborent pour réaliser une troisième pièce, L’Enfant prodigue, à nouveau sur un sujet biblique, issu de l’Évangile de saint Luc. Reprise dans ses grandes lignes, la parabole conserve ses personnages et sa portée morale mais Georges Fragerolle développe et poétise le texte, pour le mettre en musique et l’adapter à une composition en tableaux. Il ajoute des descriptions, ancre le récit dans un cadre spatial plus précis (le « pays lointain » dans la Bible devient Thèbes), et insère des scènes absentes dans le texte de saint Luc, par exemple une scène au bord de l’eau.
Le repentir du fils pécheur
La pièce s’ouvre sur la représentation d’un vieil homme qui garde ses troupeaux et échange successivement avec ses deux fils. Tandis que l’aîné loue la richesse familiale obtenue par le travail, le frère cadet annonce son départ, motivé par le désir de mener une autre vie. Les deux réponses du père sont celles d’un homme humble qui s’en remet à Dieu, que ce soit pour la pérennité de sa richesse ou l’avenir de son jeune fils. Les trois tableaux qui suivent dépeignent la vie de plaisirs que mène à Thèbes le frère cadet avant que la famine et les regrets ne le décident à rentrer. La rancœur du fils aîné dans le texte de l’Évangile n’est pas reprise. Le tableau final évacue les tensions avec le frère (qui n’auront été que suggérées au début de la pièce) et ne conserve que la joie du père au moment des retrouvailles.
Première représentation
Théâtre du Chat Noir
Éditions et traductions
FRAGEROLLE Georges (musique et poème), RIVIERE Henri (dessins). L’Enfant prodigue, scène biblique en sept tableaux. Paris, Enoch & Co / E. Flammarion, 1895.