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Le Mariage au désert
Actif du 1er mai au 18 octobre 1896, dans le cadre de l’Exposition nationale suisse de Genève, le Théâtre d’ombres du Sapajou programma une douzaine de pièces d’ombres, très proches des spectacles parisiens du Chat Noir (1885-1896). Les artistes qui y collaborèrent (peintres, musiciens, poètes) furent néanmoins soucieux d’apporter une touche nationale à leur répertoire et de revendiquer un positionnement critique singulier, via notamment leur hebdomadaire Le Sapajou. Disant regretter les « jeux d’enfants » des singes primitifs, leur discours tourne en dérision le darwinisme ambiant : « les sapajous fin-de-siècle […] ont mieux à faire ; les nécessités de l’existence et le 'struggle for life' leur imposent des devoirs sociaux et les obligent à choisir une carrière ». Lors des représentations quotidiennes du théâtre, le pianiste Gustave Ferrari assurait l’accompagnement musical et H. Bertilliot, les boniments. Le compositeur et pédagogue Émile Jaques-Dalcroze, souvent présent lors des soirées de gala, improvisait parfois au piano.
A propos du Mariage au désert, dans un article consacré au Théâtre du Sapajou, le poète Jules Cougnard écrit : « Maurice Potter présente une suite d’épisodes tirés de la vie arabe, que ce peintre connaît admirablement, pour l’avoir longtemps pratiquée. » Il s’agit selon lui d’« une intrigue légère, dont une mignonne Anglaise, miss Maud, est l’héroïne ». Tous les ingrédients de l’Orientalisme s’y mêlent : le décor désertique où l’on croise lions et caravanes, les costumes chatoyants des danseuses d’Ouled Naïl, les musiques (Nouba) et la cuisine traditionnelles (loukoum, couscous). L’utilisation de silhouettes colorées accentue l’émerveillement recherché. L’apparition de tirailleurs algériens et la chanson de La Casquette de Bugeaud (écrite en 1844 et devenue un chant militaire de l’Armée d’Afrique) rappelle le contexte colonial de la conquête de l’Algérie.
Une mariée s’égare avant son mariage
La famille Plumcake arrive à Biskra. Les noces de leur fille, miss Maud, doivent se tenir en plein Sahara mais l’arrivée dans l’oasis des festivités est retardée : on croise un lion, on se perd, une caravane passe et sauve les égarés. Grandiose, la cérémonie peut en enfin avoir lieu et déployer son défilé et ses danses.
Première représentation
Le Théâtre du Sapajou (Exposition nationale suisse)
Éditions et traductions
Le Sapajou, n°36, 13 août 1896, p.6