Imprimé
78 pages
Auteur(s)
Gianguir
Pour soutenir le prestige de sa famille, Angelo Maria Labia fait construire un petit théâtre d’apparat, le Teatro di San Girolamo, dans le quartier de Cannaregio à Venise, sur le modèle du théâtre de San Giovanni Grisostomo. Dans ce théâtre pour marionnettes règnent tissus et matières précieuses, et scènes et décors sont mus par des machines et engrenages extrêmement compliqués. Les musiciens, décorateurs et costumiers sont sélectionnés parmi les personnages les plus prestigieux de la ville; pour Gianguir, pièce donnée à l’occasion du Carnaval de 1748, Labia recourt au même personnel que pour Lo Starnuto d'Ercole et Eurimedonte e Timocleone: le livret d’Apostolo Zeno (composé en 1724 pour Caldara à Vienne et déjà représenté au teatro San Cassiano à Venise en 1728), réduit à trois actes et accompagné d’une musique de Geminiano Giacomello, est représenté avec les costumes de Natale Canziani, célèbre costumier des théâtres ordinaires; Tomaso Cassani n’est pas nommé, mais les décors grandioses reconduisent ceux des spectacles précédents. Labia fait en outre imprimer au format in-24° les livrets des opéras pour les offrir à ses invités. Après Gianguir, les représentations dans le théâtre Labia cessent car elles étaient trop coûteuses.
La pièce entraîne le spectateur au milieu des armées aussi bien que dans les jardins du palais d'Agra: on y voit différentes scènes spectaculaires, comme un défilé militaire, un choeur de soldats ou encore le triomphe du sultan.
Un fils et son père luttent pour le pouvoir
Gianguir, qui s’est rebellé contre son père, a été déshérité de son trône au profit de son fils Cosrovio. Il a épousé Zama, femme d’humble naissance, qui le persuade de donner sa fille Miraca en mariage à Cosrovio. Son frère Asaf est favori du sultan. Cosrovio refuse ce mariage car il aime Alinda (la princesse Semira, ennemie jurée de Gianguir), qui le persuade de récupérer le trône légué par son grand-père en prenant les armes contre son père. Son ami Mahobet, capitaine des gardes, tente de le rappeler à son devoir. Cosrovio et Asaf s’affrontent sous les yeux de Gianguir; pour se venger de l'humiliation, Asaf annonce à Semira que Cosrovio épousera Miraca: de jalousie, elle lui promet son amour.
Cosrovio, sommé d’épouser Miraca ou de se rendre à la mort, prend les armes: Gianguir apprend sa trahison et réclame la tête de Mahobet pour avoir aidé son fils. Pour se sauver, Mahobet prend Gianguir en otage: il est accusé de haute trahison et Gianguir le prive de son grade, alors même qu’Agra est en péril. L'armée est confiée à Asaf. Semira, sous le nom d’Alinda, feint de coopérer, se promet à Asaf et dénonce les ennemis du royaume pour obtenir sa liberté.
Gianguir annonce à Cosrovio qu’Alinda brûle pour un autre: Cosrovio se croit trahi, mais Alinda, sitôt libre, révèle que Semira ne remplira pas les promesses faites sous le nom d’Alinda et qu'elle est l’épouse de Cosrovio. Les deux amants se retrouvent, et Semira envoie son futur époux au combat. Asaf est vaincu: tout semble perdu pour le roi, quand Gianguir arrive, libéré par Mahobet. Zama tente de le convaincre de pardonner à son fils; Mahobet annonce qu’une révolte se prépare s’il le tue. In extremis, Gianguir fait preuve de magnanimité: père et fils sont surpris par Semira alors qu'ils se réconcilient. Semira réclame la mort en même temps que son époux: Gianguir leur accorde la vie sur les conseils de Zama, qu’il proclame seule sultane et qui les donne l’un à l’autre. Le chœur célèbre ce beau jour.
Première représentation
Teatro di San Girolamo
Éditions et traductions
Gianguir. Venezia: Luigi Pavini, 1748