Les Prétendants de Caroline est une des pièces pour marionnettes à gaine que le metteur en scène Gaston Baty écrit sous l'Occupation pour faire travailler un petit groupe d'acteurs, et qui sont aujourd'hui conservées dans le Fonds Baty de la Bibliothèque nationale de France (cote 4-COL-285). Bien que le texte porte la mention "d'après Laurent Mourguet et les marionnettes lyonnaises", l'intrigue ne reprend pas une pièce précise du répertoire ancien de Guignol: l'auteur semble surtout lui avoir emprunté les rôles de Canezou et de Guignol, devenu Billembois.

Cette comédie en deux actes prend plutôt pour modèle Le Bourgeois gentilhomme de Molière. La pièce se déroule à Paris et met en scène le personnage de Jean-François Billembois, un personnage typique d'artisan parisien imaginé par Baty et que l'on retrouve dans beaucoup de ses projets de pièces pour marionnettes écrites à cette époque.

Canezou, un riche marchand parisien, propose à sa fille Caroline d’épouser le fils de son ami Fromaget, un jeune homme beau, intelligent et riche. Mais la capricieuse jeune fille refuse tous les prétendants roturiers. Arthur Galuchait, le fils d’un vieil ami de Canezou, revient à Paris après avoir fait fortune aux Indes et demande la main de Caroline. Le père prévient Arthur de l’état d’esprit de sa fille. Le jeune homme, qui fait d’abord excellente impression à Caroline, est mis à la porte dès qu'elle apprend qu’il n’est pas noble. Arthur croise Oscar, lui aussi prétendant éconduit par la belle pour la même raison. Tous deux, désireux de donner une bonne leçon à Caroline, s’associent au menuisier Billembois.

Arthur se présente alors chez Canezou habillé à l'indienne pour délivrer un message du roi Menemetapa : le Roi désire marier son fils à la belle Caroline dont celui-ci se serait épris en la voyant au Théâtre des Italiens. Pour cela, le jeune Prince va élever Canezou au rang de "Grand Crustacé du royaume". Canezou fait venir sa fille, chancelante d’émotion. Oscar, déguisé au milieu d’une parade de serviteurs, escorte Billembois, affublé d’une fausse moustache et d’un costume de prince oriental. Billembois fait sa demande en mariage à Caroline dans un galimatias exotique et celle-ci, émerveillée, consent à l’épouser. Billembois embrasse Caroline. Quand Canezou et Caroline sont sur le point de signer le contrat de mariage préparé par Oscar, Billembois, qui a des scrupules à blesser Caroline, dénonce la supercherie et se démasque. Arthur s’énerve contre Billembois qui n’était supposé révéler sa véritable identité qu’après la signature du contrat. Oscar se démasque à son tour. Oscar, Arthur, Billembois et le reste du cortège se retirent. Guérie de ses rêves de grandeur, Caroline avoue être restée sous le charme de Billembois. Canezou, estomaqué, revient tout de même à la charge avec le fils Fromaget.