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43 pages
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Le Procès Belenfant-des-Dames
La pièce Le Procès Belenfant-des-Dames fait partie du volume Paris-Pantin : deuxième série des "Pupazzi", paru en 1868. Les pièces de cet ouvrage sont précédées de plusieurs prologues que Lemercier de Neuville improvisait souvent avant le début de ses spectacles.
Comme dans les deux volumes de la première série des Pupazzi (1866), l’auteur compose ses textes à partir de reflets de son époque, de portraits de personnalités connues et d’actualités. La pièce fait se succéder une série d'entrées de ces personnages, reprenant le principe initial des spectacles de Lemercier de Neuville: le défilé de caricatures accompagnées de courtes répliques. Ainsi, on voit apparaître le peintre Gustave Courbet, le compositeur italien Gioachino Rossini, le mathématicien et prestidigitateur Alfred de Caston, le journaliste Émile de Girardin, l'écrivain Alexandre Dumas, l'ancien président du Conseil des ministres Jules Simon, l'ancien président de la République française Adolphe Thiers. Tous sont présentés de manière parodique et comique.
Cette pièce satirique, composée de quatre tableaux, mêle absurde et parodie judiciaire.
Des personnages sans rapport avec l'affaire jugée témoignent dans un procès
Madame Pifardent a été défigurée par l’acide sulfurique et un procès a lieu pour déterminer le coupable. L'accusé, Émile Belenfant-des-Dames, décrit comme “un malfaiteur de la pire espèce, déjà condamné neuf fois à mort par contumace”, a été arrêté à la frontière belge, à 600 kilomètres du lieu du crime, à l'heure même où celui-ci a été commis. Le Greffier affirme que Belenfant a pu parcourir cette distance grâce aux miracles du chemin de fer. Belenfant nie tout lien avec Madame Pifardent et clame son innocence.
Les témoins sont ensuite entendus. Gustave Courbet répond ne connaître que ses peintures. Il divague sur la femme qu’il épouserait : une femme qui saurait à peine lire et écrire, qui ne saurait pas danser, et qui porterait un chapeau de paille. Giacomo Rossini, ignorant tout de l’affaire, parle des “macaroni dell’arte”. Après lui, Alfred de Caston effectue un tour de magie avec des cartes et des dominos. Il quitte la salle sous les applaudissements.
Émile de Girardin prend ensuite la parole. Il tient un discours sur la liberté, la paix, et ses écrits, notamment son drame Supplice d'une femme. Il s’éclipse rapidement. Alexandre Dumas père ne s’étend que sur ses propres mérites. Jules Simon, vêtu en maître d’école, arrive ensuite. Il déclare avec ferveur l’importance de l’éducation et des écoles, avant de partir. Adolphe Thiers lui succède, parlant de son devoir. Le dernier témoin, le docteur Tardieu, décrit ses expériences scientifiques sur les grenouilles avec de l’acide chlorhydrique.
L’avocat de Madame Pifardent, Maître Favre, ouvre les plaidoiries avec un discours grandiloquent et rempli de métaphores. Puis, l’avocat de l’accusé, Maître Lachaud, prend la parole. Il accuse Belenfant en dressant la liste de ses crimes passés. Belenfant, en guise de défense, rétorque que ces méfaits datent de l’époque de Louis-Philippe. Il tente également de justifier ses actions par son manque d’éducation, expliquant qu’il est né dans une famille pauvre. Mais le Juge l’interrompt et lui interdit de prononcer un discours “philosophique”. M. Prudhomme, le chef du Jury, annonce le verdict : l’accusé est déclaré non coupable. Belenfant exige alors qu’une complainte soit chantée en son honneur. Avant cela, M. Prudhomme lui propose… d’épouser sa fille.
Éditions et traductions
Lemercier de Neuville, Paris pantin : deuxième série des "Pupazzi", Paris : A. Lacroix, Verboeckhoven, 1868.