
Imprimé
46 pages
La Redingote
La Redingote, comme toutes les autres pièces du recueil Guignol publié en 1932, est un amalgame de plusieurs versions recueillies par le metteur en scène Gaston Baty. Une première version de La Redingote, attribuée à Laurent Mourguet et remontant aux années 1830, est attestée par une copie manuscrite de Joannès réalisée en 1899, conservée au Musée des Arts de la Marionnette - Musée Gadagne (Lyon). Voiture à vendre ("pièce grivoise en un acte"), qui lui a été ajoutée, est connu par un manuscrit de Tony Tardy conservé à l'Institut International de la Marionnette de Charleville-Mézières (aujourd'hui Pôle Jacques Félix): c'est alors Guignol qui veut vendre sa voiture, et Hector qui souhaite épouser Louisette, nièce de Guignol. Les deux pièces ont été rassemblées en une seule à une date inconnue.
Une situation initiale traditionnelle de comédie (deux jeunes amoureux veulent se marier) se combine avec une autre situation (un homme cherche à vendre sa voiture) et avec une intrigue secondaire (un pauvre tailleur reconnaît la redingote abîmée de son riche voisin et l’emporte pour la réparer afin de lui prouver son talent et le gagner comme client). Ajoutons à cela deux énormes quiproquos et nous obtenons une intrigue complexe servie par des dialogues savoureux qui s’enrichissent de doubles sens à forte connotation sexuelle. Des traits caractéristiques de la farce et du vaudeville se mêlent ici à une peinture des mœurs et de la société qui dépasse l’ancrage lyonnais de la pièce.
Le texte a été mis en scène en 2007 par Émilie Valantin dans son spectacle Les Embiernes commencent.
Une demande en mariage est acceptée grâce à une série de quiproquos
Arthur Bobinard, un jeune clerc de notaire, est amoureux de Caroline, la nièce du vieux Canezou, et en est aimé. De son côté, Canezou est occupé par la mise en vente de sa voiture à cheval. Quand Arthur se présente chez Canezou pour demander la main de Caroline, le vieux bourgeois croit qu’il vient pour acheter son véhicule. Le marchandage qui s’ensuit, fondé sur un malentendu, scandalise Arthur, qui sort furieux de chez Canezou. Pendant ce temps, Cadet, le valet de Canezou, part acheter du détachant pour nettoyer la redingote de son maître et en profite pour boire avec les boutiquiers. Guignol, un pauvre tailleur, passe par là et voit posée la vieille redingote de Canezou. Il l’emporte pour la rafistoler, espérant ainsi convaincre Canezou de le choisir comme tailleur attitré. Cadet revient précipitamment chez Canezou pour lui annoncer que des voisines ont vu Caroline partir avec un jeune homme. Canezou ordonne à Cadet de mener discrètement l’enquête. Il aperçoit Guignol, son voisin, qui se comporte en coupable. Il accuse Guignol, qui avoue le crime, sans savoir que le vieillard parle de sa nièce et non de sa redingote. Une fois détrompé, Canezou demande à Guignol de trouver qui a enlevé Caroline. Cadet revient, ivre, après avoir ameuté tout le quartier. Caroline, cachée dans un coin, attire discrètement l’attention de Guignol : Arthur et elle ont renoncé à s’enfuir et demandent à Guignol de tout arranger. Guignol convainc Canezou de lui donner deux mille francs de récompense s’il retrouve sa nièce et de la marier à son amoureux pour éviter le scandale. Le vieil homme accepte. Caroline et Arthur se montrent, Canezou leur donne sa bénédiction et offre sa voiture à Arthur. Caroline congédie Cadet sans lui verser de gages et récompense Guignol en lui donnant la vieille redingote au motif qu’elle n’a jamais été enlevée. Cadet et Guignol maudissent les femmes, qui ont tant de défauts, mais dont ils sont incapables de se passer.
Publications et traductions
Guignol - Pièces du répertoire lyonnais ancien choisies, reconstituées et présentée par Gaston Baty. Paris : Édition Coutan-Lambert, 1934