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'E sorde co 'nteresse
'E sorde co 'nteresse (L'argent avec les intérêts) est une pièce en un acte qui fait partie d'un long cycle de spectacles sur des criminels napolitains. Pendant plusieurs mois, chaque soir, les spectateurs pouvaient assister à un nouvel épisode de cette longue histoire. Ces longs cycles étaient typiques de l’opera dei pupi. Au 19e siècle, à Naples comme en Sicile, les théâtres de pupi s'étaient spécialisés dans des cycles de spectacles sur les exploits de Charlemagne et de ses paladins, inspirés par plusieurs poèmes chevaleresques de la Renaissance italienne (comme le Roland furieux de l'Arioste, le Roland amoureux de Boiardo ou le Morgante de Pulci). Puis, au début du 20e siècle, dans les théâtres napolitains, se diffusèrent également des cycles de spectacles sur les camorristes.
Parmi les cycles sur les histoires de la Camorra , le plus représenté est celui consacré à Tore 'e Criscienzo (Salvatore De Crescenzo), dont est tiré cet épisode. Ce camorriste (qui a réellement existé) est surtout connu parce qu'en 1860, quand le roi des Deux-Siciles s'enfuit de Naples et que Garibaldi arriva dans la ville, le préfet de l'époque le nomma chef de la garde citoyenne. Dans ce répertoire très apprécié du public, plusieurs histoires de camorristes, brigands, prisonniers, policiers et camorristes-policiers se croisent. Cet épisode, composé d’un acte unique, est dédié à un seul héros : Nicolino Iossa, un « guappo sciammeria » (un guappo bourgeois ou aristocrate qui porte une espèce de frac appelé sciammeria et impose la justice par la force).
La pièce a probablement été écrite à l’origine en 1860 par Francesco Verbale (le premier auteur du cycle de Tore 'e Criscienzo) et appartenait au marionnettiste Ciro Perna, actif à Frattamaggiore (près de Naples) dans la deuxième moitié du 20e siècle. Ciro Perna l'avait remaniée en introduisant des expressions typiques de Frattamaggiore.
Un gouape punit les abus d'une usurière
Une usurière surnommée « 'a Sberressa » (la femme flic) insulte un vieux et un autre pauvre qui ne peuvent pas payer leurs dettes. Elle est secondée par son compagnon Nirone, qui gifle chaque débiteur retardataire. La Sberressa a même obligé une débitrice, Rosenella, à lui donner l'argent qu'elle avait mis de côté pour payer un médicament pour sa mère mourante. Suite à ce dernier abus, deux débiteurs vont demander de l'aide à Nicolino Iossa. Nicolino n'hésite pas à aider les pauvres victimes de l'usurière. À coups de gifles, il punit la Sberressa et Nirone et les oblige à restituer l'argent à Rosenella.
Éditions et traductions
Aldo de Martino (éd.), I testi, il repertorio. Quaderni sul teatro d'animazione in Campania, avec une note de Remo Melloni, n° 1, juillet 1992.