La pièce, écrite par Marina Allegri et mise en scène par Maurizio Bercini, est un hommage à la Résistance contre le nazisme et le fascisme. Elle s'inspire de l'un des épisodes les plus tragiques de la lutte partisane italienne: le 28 décembre 1943, dans leur ferme près de Reggio Emilia, les sept fils du partisan Alcide Cervi ont été fusillés par les républicains fascistes. Aujourd'hui encore, la maison des sept frères, nommée Casa Cervi, est un symbole fort de la lutte des partisans, où l'on célèbre chaque 25 avril la fête de la libération du nazisme et du fascisme. Grâce au théâtre d'objets, la pièce donne la parole aux images qui nourrissent la mémoire de ce lieu, à travers les cadeaux qui, au fil des ans, ont été envoyés à Alcide Cervi, lequel a survécu au massacre de ses fils jusqu'à l'âge de soixante-dix ans. Chaque objet s'ouvre sur le récit d'une partie de sa vie, dans laquelle interviennent les mots, la musique et les gestes, entrecoupés des vers de certains poètes (Franco Arminio, Giuseppe Ungaretti, Mario Luzi, Tom Waits).

Alcide Cervi est un agriculteur. En 1934, il s'installe avec sa famille à Gattatico, près de Reggio Emilia, sur un terrain appelé Campirossi ("champs rouges"), dont personne ne voulait car il était infertile. Il y vit avec ses neuf enfants: sept frères et deux sœurs. Avec un travail acharné, ils parviennent à faire prospérer ces champs, et la famille peut se permettre d'acheter un tracteur. La famille Cervi est connue pour ses positions politiques antifascistes. Après juillet 1943, lorsque les Américains débarquent et que Mussolini est arrêté, tout semble aller pour le mieux. Mais, en novembre de la même année, une centaine de fascistes assiègent la maison des Campirossi. Les sept frères tentent de résister mais sont arrêtés et finalement exécutés. En signe de soutien et d'estime, Alcide Cervi n'a jamais cessé de recevoir des cadeaux de toutes parts: une Bible des ouvriers de l'usine Fiat de Turin, un globe terrestre de la coopérative des ouvriers agricoles de Santa Vittoria, des quilles pour ses petits-enfants de la part de quelques amis du club de jeu de boules. Enfin, le marionnettiste lui-même, Maurizio Bercini, veut faire un cadeau à Alcide: une marionnette avec ses traits, grâce à laquelle il pourra transformer la douleur "en sérénité et en jeu".