Canevas manuscrit
23 pages
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Il San Michele di Faggiolino
La pièce est, ouvertement, une sorte de vengeance d'Angelo Cuccoli contre la décision de la municipalité de Bologne de déplacer son castelet de la Piazza Maggiore, où son père Filippo avait commencé son activité, vers la Piazza San Francesco, plus périphérique. En effet, cette disposition (entrée en vigueur en 1877) a été perçue par Cuccoli comme un affront, puisque son théâtre y était établi depuis longtemps et qu'il y avait un large public. Le changement d'emplacement a évidemment entraîné aussi une modification considérable des recettes.
Le manuscrit est daté de 1877, mais ne précise pas la date des représentations (que Cuccoli indiquait souvent). Albano Sorbelli (Angelo Cuccoli e le sue commedie. Bologna: L'Archiginnasio, 1909, p. 227) affirme que la pièce a été jouée en 1877, mais Antonio Pandolfini Barberi, qui en publie le résumé (Burattini e burattinai bolognesi. Bologna: Zanichelli, 1923, p. 52-57) considère qu'elle n'a jamais été jouée. La référence à Saint Michel, dans le titre, est énigmatique: peut-être désigne-t-elle l'archange Michel, comme symbole de la justice divine et de la victoire du bien sur le mal?
Un marionnettiste se sert de son art pour se venger d'une décision injuste
Le Gonfaloniere (magistrat communal) et Frottola (Bobard) se réjouissent de la victoire obtenue en débarrassant la Piazza Maggiore de Bologne des marchands. Cependant, le Dottor Balanzone reproche au Gonfaloniere d'avoir pris cette décision sans se soucier de ceux qui s'y étaient installés depuis longtemps. Sur leurs nouveaux emplacements, les marchands ambulants se sont retrouvés sans leur clientèle. Le Gonfaloniere réfute ces accusations et affirme que tout s'arrangera avec le temps. Sur la Piazza Maggiore, certains rancuniers apprécient que tout soit désormais débarrassé et regrettent même la décision d'avoir laissé le castelet pour les spectacles du marionnettiste Faggiolino. Par jalousie, les marchands, menés par Nasone Paletta, organisent des pétitions pour que le Gonfaloniere bannisse également Faggiolino de la Piazza. Ils parviennent à leur but, mais Faggiolino réussit à obtenir quelques jours supplémentaires et en profite pour inclure dans ses spectacles des discours sur les faux amis et l'envie, ce qui ne fait qu'attiser la colère des marchands. À sa nouvelle place, Faggiolino installe le castelet aidé par Meneghino pour représenter le spectacle Il mondo vecchio che scoprirà gli inganni del mondo nuovo (L'ancien monde qui révèlera les tromperies du nouveau monde). Ses amis, le docteur Balanzone et Brighella, ainsi que la "bonne" partie de la population, désignée par les noms parlants de Onesti (Honnêtes), Giustino (Juste) et Onorato (Honorable), affluent également pour assister au spectacle. Même les envieux viennent assister à la représentation et, lorsqu'ils voient le triomphe du public réuni par Faggiolino, tremblent de rage. Les justes, eux, les attaquent dans une bagarre qui se termine au détriment des envieux : Brighella les saisit par le cou et les jette tous dans le panier du marionnettiste. Faggiolino termine le tout en remerciant le public.