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85 pages
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La Tentation de saint Antoine
Féerie à grand spectacle en deux actes et quarante tableaux
Après L’Epopée créée en décembre 1886, La Tentation de saint Antoine est la deuxième pièce d’envergure présentée au théâtre du Chat Noir. Pendant la relâche estivale de 1887, Henri Rivière a fait d’importants travaux pour agrandir les coulisses de son théâtre d'ombres. Il fabrique les décors avec des panneaux en zinc et en bois, et des papiers colorés. En fonction des tableaux, il s’inspire de l’esthétique des vitraux, des estampes de Ho‑Ku‑Saï et des toiles de Puvis de Chavannes.
La pièce est bonimentée et accompagnée d’un pot-pourri musical arrangé par Albert Tinchant avec des airs de Massenet, Gounod, Schumann, Wagner, Offenbach, Haydn... Seul le long cortège de la reine de Saba est accompagné d’une musique originale de Georges Fragerolle.
Composée en deux temps, la pièce offre d’abord une version modernisée de la légende, ponctuée de références à l’actualité et de traits satiriques contre l’époque ; elle déploie ensuite une transposition visuelle de La Tentation de saint Antoine (1874) de Gustave Flaubert. Dans l’album publié de la pièce - presque dépourvu de texte -, plusieurs extraits du drame de Flaubert sont cités. Un compte rendu très détaillé du critique Hugues Le Roux dans Le Temps (28 décembre 1887) fournit davantage de détails sur le contenu des différents tableaux.
Un saint résiste aux tentations de la vie moderne
Dans la Thébaïde, Antoine, imperturbable, prie agenouillé au pied d’un rocher. Une araignée tisse sa toile et enveloppe le saint. Des sorciers et des sorcières traversent le ciel. Le diable en habits modernes surgit. Il fait apparaître le panorama illuminé de Paris où la vertu d’Antoine sera mise à l’épreuve. Aux Halles comme à la Bourse, devant les étals croulant de victuailles, les jeux de hasard et le veau d’or, le saint résiste et ne succombe ni à la gourmandise, ni à l’avarice. Il ne cède pas non plus à l’orgueil, en refusant l’offre de M. Sadi Carnot et celle du diable, pour être président et général. Il résiste encore aux attraits de la science quand le diable le conduit dans une ville industrielle en pleine activité, sillonnée par les câbles, les fumées d’usine et une voie ferrée. Le périple se poursuit au fond de la mer, dans les ruines de l’Atlantide puis dans le ciel étoilé sans que jamais le saint ne faiblisse. Un long cortège s’amorce : la reine de Saba, précédée d’un immense défilé d’hommes et de courtisanes, apparaît, sous un dais de plumes multicolores. A nouveau, le saint résiste et ne cède pas à la tentation suprême de la chair. Le diable décide de mettre à l’épreuve sa foi. Différents panthéons apparaissent : les dieux scandinaves, les dieux de l’Olympe, des divinités hindoues et japonaises. Mais face à la foi inébranlable du saint, le diable renonce et le reconduit dans le désert. Le saint prie et un groupe d’anges apparaît en chantant.
Première représentation
Théâtre du Chat Noir
Éditions et traductions
Henri Rivière, Georges Fragerolle et Albert Tinchant, La Tentation de saint Antoine, féerie à grand spectacle en deux actes et quarante tableaux, Paris, Plon Nourrit et Cie, 1888.