Imprimé
16 pages
Le Mariage de raison
Le Mariage de raison, publié pour la première fois par Duranty en 1862 dans son Théâtre des marionnettes du Jardin des Tuileries, emprunte son titre à la comédie-vaudeville de Scribe et Varner (1826), comme le souligne avec humour l'auteur dans la présentation de sa pièce. Toutefois, le rapprochement entre les deux œuvres s'arrête là, et le titre sert seulement à Duranty à retourner avec férocité les poncifs bourgeois sur les vertus du mariage de raison.
La composition de la pièce se caractérise par un dynamisme constant. Les répliques, souvent brèves et s'enchaînant sur un rythme soutenu, sont entrecoupés de coups de bâton, de tête, de balai ou d'écumoire. Les embuscades, les lazzi et les courses-poursuites occupent une bonne partie de la pièce. Le personnage de Pierrot, particulièrement véloce et inventif, se montre un harceleur impitoyable pour sa voisine, Mme Trifouillon. Même au dénouement, lorsque Pierrot arrive à ses fins et que celle-ci consent à l'épouser, celui-ci ne se calme pas pour autant, puisque sa promise est contrainte de fredonner un air gai tout en dansant au rythme des coups qu'il lui assène. Même s'il est très peu probable que Duranty ait eu l'occasion de voir à l'œuvre des guaraterallari, le tempo de la pièce fait davantage songer ici à celui du Pulcinella napolitain qu'à celui du Polichinelle français.
Un mariage obtenu à force de harcèlement et de coups
Pierrot harcèle sa riche voisine Mme Trifouillon pour qu’elle l’épouse. Il l’enferme hors de chez elle, puis se cache dans son armoire. Il la bat, brise sa vaisselle, jette ses meubles dans la rue et la prive de nourriture et de repos pour qu’elle cède. Ils se battent, puis elle sort chercher un gendarme. Quand le Gendarme arrive, Pierrot le prend pour Mme Trifouillon et prétend l’épouser. Pierrot bat le Gendarme et le jette dehors. Il trouve la tirelire de Mme Trifouillon, mais celle-ci réussit à la lui reprendre. Sous la menace, elle consent à épouser Pierrot, qui, tout en la barrant en rythme, la force à chanter et à danser sur un air à marier.
Première représentation
Théâtre des marionnettes du jardin des Tuileries
Éditions et traductions
Duranty, Théâtre des marionnettes du jardin des Tuileries, texte et composition des dessins par M. Duranty. Paris: MM. Dubuisson et Cie, Éditeurs-Libraires, 1862.
Louis Edmond Duranty, Théâtre des marionnettes. Arles: Actes Sud, 1995.
Merchant of Blows-with-a-Stick, and Other Plays by Louis Duranty. Translated & introduced
(Anglais)
by Sean KEOHANE. North Vancouver, B.C. : Charlemagne Press, 2007.