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El Betlem de Tirisiti
El Betlem de Tirisiti est un spectacle de marionnettes qui se joue chaque année en période de Noël dans la ville d'Alcoi. La première mention attestée remonte à 1880, mais son origine est probablement beaucoup plus ancienne. On l'associe généralement à Pepe Esteve el Betlemero (1866-1959), qui l'a représenté avec sa famille pendant 75 ans, mais comme celui-ci n'avait que 14 ans en 1880, il n'en est donc pas l'auteur : il n'a fait que reprendre cette tradition quelques années plus tard. Comme toutes les productions populaires, l'œuvre a pris forme, changé et évolué au cours du temps.
Dès la première décennie du 20e siècle, le spectacle était déjà connu sous le nom de Betlem de Tirisiti, qui fait référence au personnage principal de la pièce, l'aubergiste Tirisiti. En 1989, la ville d'Alcoi a décidé d'acheter la crèche dans le but de la préserver et de l'entretenir pour les générations futures. Depuis, la représentation a été confiée à la compagnie professionnelle La Dependent, qui a réécrit le texte. Elle a aussi remis en usage le sifflet pratique avec lequel parlent les deux personnages principaux (Tirisiti et el Sereno) et donné au spectacle une structure dramatique solide et un rythme scénique précis. Depuis 2002, la crèche a été déclarée « Bien immatériel d'intérêt culturel » par la Generalitat Valenciana. Près de 200 représentations de 35 minutes sont actuellement organisées chaque année, de la fin novembre jusqu'au 5 janvier, destinées en priorité aux écoles mais aussi au grand public, avec une fréquentation totale d'environ 30 000 spectateurs.
La base du texte des trois scènes de la partie sacrée, représentée en castillan (sauf pour le rôle de Tirisiti), est l'histoire de la naissance de Jésus d'après les évangiles de Luc et Matthieu. Des emprunts aux évangiles apocryphes harmonisent le récit et l'enrichissent des légendes du palmier et de la récolte miraculeuse, plus propices à l'improvisation et au mélange d'éléments sacrés et profanes. Dans la seconde partie, en valencien, la structure est proche des formules dramatiques du théâtre comique et satirique régional, avec des dialogues improvisés et des allusions à l'actualité. C'est naturellement cette partie que le public attend avec le plus d'impatience.
Scènes de la Nativité, suivies des mésaventures d'un vantard
Le spectacle est organisé en deux parties. Dans la première, Joseph et Marie arrivent à l'auberge de Tirisiti qui leur refuse l'hospitalité. Suivent alors les épisodes traditionnels de l'apparition de l'ange, de la nativité, de l'adoration des bergers et de celle des rois mages. Pendant la fuite en Egypte, la Sainte famille trouve refuge sous un palmier qui la cache aux yeux de ses poursuivants. Le Capitaine des soldats interroge des laboureurs qui lui disent avoir vu passer les fuyards pendant leurs semailles. A ce moment, les blés poussent miraculeusement, jetant le trouble parmi les soldats qui abandonnent la poursuite. Le palmier s'ouvre et laisse apparaître la Sainte famille qui reprend sa route.
La deuxième partie, celle de l'action profane, est organisée en six tableaux avec des situations et des personnages familiers d'Alcoi. Le Veilleur de nuit annonce les heures et réveille les personnages les uns après les autres. Tirisiti présente de façon comique les fidèles qui se rendent à la messe. Un grand-père se dispute avec l'enfant de choeur qui tient la porte de l'église. Tirisiti envoie à la messe sa femme Tereseta, laquelle échange un baiser avec le sacristain, mais le public en avertit son mari. Les fidèles sortent de l'église à la fin de la messe, sous les commentaires renouvelés de Tirisiti. Un taureau apparaît et menace Tirisiti. Le célèbre torero Clásico fait quelques passes de corrida devant Tirisiti qui se vante de pouvoir faire mieux que lui. Une course-poursuite s'engage entre le taureau et Tirisiti. Les cloches sonnent, annonçant le défilé des Maures et des Chrétiens qui s'avancent, comme dans la fête traditionnelle d'Alcoi. Le saint patron de la ville, Sant Jordi, apparaît alors en haut du château. Tirisiti décide de quitter la ville, fait ses bagages et part pour la Lune en ballon. Mais le ballon éclate et Tirisiti retombe avec lui.
Première représentation
Baraque démontable sur différentes places du centre ville.
Éditions et traductions
Porras, Francisco. Titelles: Teatro Popular. Madrid: Editora Nacional, 1981, p. 443-453.
Aura, Javier. El Betlem de Tirisiti. Alcoi: Edicions Tívoli, 2007.