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27 pages
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Il morto del mantello rosso
Il morto del mantello rosso (Le mort au manteau rouge) figure à la fin d'un ouvrage de l'avocat Carlo Racca consacré aux marionnettes à gaine et à fils. Cet essai d'une grande précision technique décrit minutieusement, à l'attention des familles, les procédés de manipulation des marionnettes et des pantins, accompagnés de réflexions théâtrales. L'auteur considère le théâtre de marionnettes comme le divertissement familial par excellence et l'inscrit dans cette tradition théâtrale qui « corrige les mœurs en riant » (castigat ridendo mores).
Il est particulièrement significatif qu'une personnalité liée à l'industrie nord-italienne du début du XXe siècle témoigne d'une telle passion pour les marionnettes et s'essaie à l'écriture dramatique. L'analyse révèle la présence de figures emblématiques de la commedia dell'arte, comme Arlequin et Brighella, ainsi que de nombreux jeux linguistiques, concernant en particulier le français. On note également des références au Bourgeois gentilhomme de Molière (les maîtres de danse et d'escrime), au théâtre de Goldoni et à ses allusions récurrentes au chocolat.
Le texte emprunte par ailleurs aux épreuves traditionnelles des contes merveilleux : dans le château où le mort doit effrayer Arlequin, on retrouve des épreuves similaires à celles de Giovannin senza paura. La fin développe une réflexion morale sur les notions de bonté et de justice, caractéristique du genre.
Procolo Cantaride, usurier, s'entretient avec Brighella qui lui conseille de prêter de l'argent à Arlecchino, celui-ci devant bientôt hériter à la mort de son père. Arlecchino s'entretient avec Struppapiè, maître de danse et Mazzatelli, maître d'escrime : il converse avec eux en français puis se bat avec ce dernier. Le poète arrive avec ses vers. Mais entretemps, Brighella indique que de nombreux créanciers attendent toujours. Arlecchino apprend la mort de son père mais découvre que celui-ci est mort ruiné et endetté. Incapable de rembourser les nombreux créanciers qui arrivent, il organise sa fuite avec l'aide du poète et de sa servante Scapina.
Arlecchino se trouve ainsi seul, le soir, près d'une auberge où deux voleurs, Lampo et Saetta, tentent de le voler. Quand ils comprennent qu'il n'a rien, ils tirent des coups de feu pour lui faire peur. L'aubergiste Cavapelle accourt et s'approche d'Arlecchino qu'il croit mort. Celui-ci l'oblige à l'accompagner vers un château où, selon l'aubergiste, il pourra obtenir un repas gratuit.
Arlecchino mange et boit joyeusement. À l'approche de minuit, l'aubergiste veut partir, effrayé. Arlecchino entend des bruits étranges sans percevoir le danger : un mort apparaît et demande à Arlecchino de lui tailler la barbe. Malgré sa peur, Arlecchino obéit.
Le défunt lui révèle l'histoire du lieu : son maître accueille les voyageurs mais les contraint ensuite à se raser la barbe et les cheveux. Un vieil homme, victime de ce traitement, jette une malédiction. Le maître meurt rapidement, et l'esprit est condamné à effrayer les passants jusqu'à ce qu'une personne survive jusqu'au matin et devienne propriétaire du château.
Devenu riche grâce à cet héritage, Arlecchino se venge de ceux qui ont tenté de lui nuire : l'usurier, les voleurs, l'aubergiste, chacun à sa manière. Il déclare vouloir plutôt récompenser ceux qui lui demeurent fidèles dans l'adversité, le poète et Scapina. Le mort revient une dernière fois pour l'exhorter à bien se conduire, à abandonner le mal pour le bien, et promet qu'ainsi tous seront heureux.
Publications et traductions
Carlo Racca (Akkar), Burattini e marionette : il loro teatro ed i loro fantocci / con 75 illustrazioni del pittore Biscaretti. Torino : Paravia & C., stampa, 1922