Imprimé
11 pages
Auteur(s)
El Moro leal
La pièce a été publiée dans le numéro 10 de la revue Nova Galiza, le 20 septembre 1937, avec le sous-titre Marionetas en Batalla (Marionnettes en bataille). Elle peut avoir été composée plusieurs mois plus tôt, mais la date précise de l'écriture ne nous est pas connue. Dans ses souvenirs, Dieste affirme qu'elle a été écrite à la demande de José Ignacio Mantecón, Commissaire général de l'Armée de l'Est, qui voulait une pièce pour marionnettes. C'est certainement une erreur: Mantecón n'a commandé cette armée qu'à partir du mois d'avril 1938.
Une partie importante des troupes franquistes était composée de soldats marocains de l'Armée du Sud remontés depuis le Maroc jusqu'en Espagne. On peut s'étonner de la défense que fait Dieste d'une certaine conception de l'honneur chez les Maures du Maroc, par comparaison avec d'autres farces du "Teatro de Urgencia" qui les présentaient comme de sauvages mercenaires. C'est la raison pour laquelle la pièce n'a pas été représentée : les nouvelles des atrocités commises par les Maures en zone franquiste étaient parvenues en zone républicaine, et la pièce parut de ce fait trop douce.
Au moment de l'édition de son théâtre, réalisée par Manuel Aznar en 1981, Dieste a modifié le nom d'un de ses personnages: le Juif (Judío) fut renommé Banquier (Banquero), pour éviter tout reproche d'antisémitisme.
Le protagoniste refuse de se laisser acheter et se voit récompensé
La pièce commence par une dispute entre le Maure, qui se plaint de ne pas être riche, et la femme qui lui dit que s'il avait de l'argent il s'achèterait une épouse plus jeune et la jetterait aux chacals. Le Maure lui assure que même s'il était assez riche pour épouser une femme plus jeune, il la garderait toujours sous sa tente. La femme prie Allah de faire en sorte que son mari n'ait jamais d'argent, car sinon il la garderait seulement pour le travail et prendrait une plus jeune femme comme amante.
Un Sergent des troupes franquistes est chargé d'enrôler des Marocains pour la guerre d'Espagne. Il essaie de tromper le Maure en lui promettant de l'argent et des femmes en échange de la liquidation des communistes en Espagne. Le Sergent emploie toutes sortes de promesses et de contraintes, mais lorsque le Maure est pris de doute, il le menace ainsi que sa famille. Le Sergent fait venir un Banquier juif qui lui montre de vieux billets qui n'ont plus aucune valeur, mais qui lui fait croire que ce sont d'authentiques marks allemands ayant toujours cours. Il invite le Maure à propager la nouvelle dans tout le campement : s'ils vont en Espagne, il y aura de l'argent et des femmes pour tout le monde. Mais tout à coup surgit la voix d'Allah que seul le Maure entend, et qui lui révèle la vérité. Après cette intervention divine, le Maure roue de coups de bâton le Sergent et le Banquier. Le Maure loyal est récompensé : Allah l'emmène au Paradis et transforme sa vieille femme en une jeune et belle houri pour qu'elle puisse l'accompagner.
Autres titres
Éditions et traductions
"El Moro leal. Marionetas en batalla", Nova Galiza, nº 10, 20-09-1937, p. 4
Rafael Dieste, Teatro, vol. II. Barcelona: Laia B, 1981, p. 95-105