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Auto da Criação do Mundo
L'Auto da Criação do Mundo (Auto de la Création du Monde) fait partie du cycle thématique religieux des marionnettes traditionnelles portugaises de la région de l'Alentejo, connues sous le nom de Bonecos de Santo Aleixo. Ce répertoire comprend également l'Auto do Nascimento do Menino (Auto de la Nativité) et Os Martírios do Senhor ou Auto da Paixão (Le Martyre du Seigneur ou Auto de la Passion).
Dans les années 1970, ce théâtre était en voie de disparaître. Mais grâce à une intervention institutionnelle, l'ensemble des marionnettes et le retable des Bonecos ont été achetés au dernier propriétaire-marionnettiste traditionnel, Mestre António Joaquim Talhinhas, et confiés en 1980 aux acteurs de la compagnie professionnelle de théâtre d'Évora (CENDREV). Les représentations suivent aujourd'hui dans ses grandes lignes le texte transmis par Talhinhas afin de sauvegarder l'identité d'un patrimoine dont les origines remonteraient à la fin du 18e siècle.
Le répertoire des textes transmis oralement, sans trace écrite, comportait des parties improvisées. De courts extraits ont été publiés dans des anthologies (Azinhal Abelho, Teatro Popular Português, vol. VI (Ao Sul do Tejo). Braga: Editora Pax, 1973) et des enregistrements audios réalisés par Michel Giacometti et Fernando Lopes Graça (Edições Strauss, CD SP4240, 2000).
L'Auto, qui comporte de nombreuses parties chorégraphiées et chantées avec accompagnement à la guitarra portugaise, représente des scènes inspirées du premier chapitre du Livre de la Genèse depuis la création de la lumière jusqu'à la damnation de Cain.
Ancrés dans le contexte régional, les personnages parlent avec l'accent de l'Alentejo. Deux compères, Mestre-Sales (le « Maître de la salle ») et Padre Chancas (le Curé) interviennent à plusieurs reprises au cours du spectacle à travers des intermèdes comiques et satiriques qui sont l’occasion de nombreux lazzi (coups de bâton, jeux entre Mestre Sales et les animaux…).
La Création du monde
Le spectacle commence par un ballet des Anges qui s'agenouillent devant Dieu, puis Mestre-Salas et Padre Chancas dialoguent de façon comique. Dieu, dans le jardin d'Eden, crée la lumière, le Soleil et la Lune qui se disputent pour savoir lequel d’entre eux est le plus important. Dieu crée Adam et Ève, puis les végétaux et les animaux. Il demande au couple de ne surtout pas toucher à l’arbre du Bien et du Mal. Ève, tentée par le Serpent, croque la pomme de l’arbre du Bien et du Mal, puis la fait goûter à Adam. Découvrant la transgression, Dieu chasse Adam, Ève et le Serpent du paradis. Sur terre, Adam et Ève vivent dans la pauvreté, Adam travaillant la terre et Ève filant la laine. En colère, Adam accuse Ève de leur malheur et la frappe, tandis qu’elle l’insulte. Adam demande pardon à Dieu. Les fils d’Adam et Ève, Abel et Caïn, font des offrandes à Dieu. Caïn, jaloux de la préférence de Dieu pour son frère, se moque d’Abel (qui, de peur, fait dans sa culotte), avant de le tuer. Le cadavre d’Abel est emporté au Ciel par les Anges. Ève s’emporte contre Caïn qui l’insulte, ne manifeste aucun remord et défie Dieu. Celui-ci maudit Caïn en le rendant tout noir et en le damnant. Même en Enfer, Caïn continue de fanfaronner et se moque des diables. Il triche en jouant aux cartes avec le Diable. Le spectacle finit par un gag : une voix en coulisse raconte qu'un pétard a explosé dans la salle et troué le pantalon d’un spectateur.
Première représentation
Centro Cultural de Évora, Escola de FormaçãoTeatral, Grupo IV
Éditions et traductions
Autos, Passos e Bailinhos. Os textos dos Bonecos de Santo Aleixo. Christine Zurbach, José Alberto Ferreira, Paula Seixas (dir.), Évora: Casa do Sul/Centro Dramático de Évora/Centro de História da Arte e Investigação Artística, 2007