Le texte fait partie du recueil La Conjecture de Babel et autres textes réunissant sept pièces écrites par Éloi Recoing entre 1976 et 1996, qui ont toutes pour sujet la marionnette elle-même. Manipulsations est la première pièce pour marionnettes à recevoir le prix de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques. Le titre est la contraction des mots "manipulation" et "pulsation", entendue comme « l’impulsion physique de l’acteur transmettant le mouvement à la marionnette ».

La mise en scène d’Alain Recoing en 1984 est un succès international. Elle poursuit la collaboration entre le marionnettiste et son fils Éloi Recoing après La Ballade de Mister Punch (1975) et Le Grand-père fou (1981). Le décor de Thierry Vernet met en opposition la tradition, par la présence du castelet, et la modernité par la manipulation même de l’espace où le castelet atteint le statut d’« hyper-marionnette ». Maryse le Bris, épouse d'Alain Recoing, conçoit les marionnettes à gaine lyonnaise à partir de poupées d’exercice, au visage neutre.

En 2016, pour le spectacle de fin de deuxième année, cinq étudiantes de la 10e promotion de l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette (ESNAM, Charleville-Mézières) ont repris le texte sous la direction d’Éloi Recoing, à partir de marionnettes portées conçues par Paulo Duarte.

L’Apprenti marionnettiste se souvient des entraînements d’articulations et de manipulations que lui faisait répéter le Montreur. Contre l'avis de son maître, il improvise des dialogues avec Polichinelle et des poupées d’exercice, opposant la tradition à la modernité. Le Montreur préfère célébrer l'art du marionnettiste: il donne naissance au Roi et devient son bouffon. L’Apprenti l’interrompt et clame la nécessité de dénoncer les vrais manipulateurs de leurs vies. Ainsi, le Montreur manipule le Métamorphosé au visage humain qui vainc le Gardien des Images, met le feu au théâtre et dévoile l’illusion qui cachait la réalité. Puis, insatisfait de la gravité de l'histoire qu'il raconte, il met en scène Polichinelle tuant la Mort à son propre enterrement. L’Apprenti estime n’avoir trouvé aucune réponse à ses angoisses, mais le Montreur n’ayant plus la force de recommencer, ils vont dormir. La pièce se clôt sur le concile des marionnettes, qui protestent contre le rôle auquel les montreurs les assignent, et qui finissent par s’applaudir elles-mêmes.