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121 pages
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Hanswurst von Salzburg mit dem hölzernen Gat
Hanswurst von Salzburg est une satire de la génération du Sturm und Drang et de la notion de génie promue par ses auteurs, mais que Johann Friedrich Schink considère comme une justification facile de toutes les dépravations : le Sturm und Drang était en effet connu pour avoir porté la violence sociale sur la scène, avec son lot de criminels révoltés, enfants dévoyés et jeunes filles abusées. Le théâtre de marionnettes de Schink parodie cette littérature, pour ainsi dire par le bas, en reprenant sur un registre volontiers outrancier les lieux communs qu'elle véhicule (la scène de pendaison en pleine forêt sous la tempête) et en multipliant les exagérations (à peine née, la fille de Hanswurst lui propose de lui réciter Les Souffrances du jeune Werther, qu'elle a lues dans le ventre de sa mère). L'auteur s'en dédouane en renvoyant le lecteur aux « génies » de son temps : il s'en prend tout particulièrement à Goethe, de quelques années son aîné, mais aussi à ses imitateurs plus ou moins heureux. Le théâtre de marionnettes est avant tout pour Schink le lieu de motifs triviaux, obscènes et même scatologiques. Il n'avait vraisemblablement pas pour vocation d'être joué : la longueur de la pièce avait de quoi décourager les marionnettistes de le monter. L'intervention du souffleur à la fin de la pièce, sortant de son trou pour déplorer qu'une pièce pareille ait seulement pu être écrite, rappelle plutôt le théâtre d'acteurs. L'appellation « théâtre de marionnettes » semble donc devoir signaler l'intention satirique et parodique de la pièce, à l'instar du théâtre de Siegfried August Mahlmann qui veut réhabiliter sous ce titre, face au théâtre pompeux des scènes bourgeoises, des formes dramatiques plus légères.
Le séducteur puni
Chassé comme un malpropre de la scène théâtrale de Berlin après le triomphe de la tragédie de Voltaire Alzire, Hanswurst est exilé à Salzbourg. Hébergé par Stoffel Knips, il séduit la femme de son hôte. Stoffel Knips les surprend en flagrant délit et les met à la porte. La détresse de Hanswurst est telle qu’il tente de se suicider, mais l’orage foudroie la branche à laquelle il s’est pendu : deux Turcs qui passent par-là trouvent le couple évanoui et le prennent à bord de leur felouque à destination de la Turquie. Pendant la navigation, Madame Knips accouche de deux enfants, un garçon et une fille, qui grandissent à vue d’œil. En Turquie, Hanswurst est castré pour devenir eunuque dans le sérail du sultan. Madame Knips – qui était tombée à la mer avec son fils pendant la traversée, mais a réussi à rejoindre la côte à la nage – et sa fille se disputent les faveurs du sultan : Hanswurst s’en offusque et fait un scandale, puis est banni par le sultan, pour se retrouver enfin à Berlin où il noue une relation avec une prostituée. Il reconnaît dans un client de la maison close son propre fils, lui aussi sauvé de la noyade et désormais magister en philosophie à l’université. A la lecture que ce dernier donne de l’almanach littéraire Allgemeine deutsche Bibliothek de l’éditeur berlinois Friedrich Christoph Nicolai, tous les personnages présents meurent d’épouvantables coliques.
Éditions et traductions
Johann Friedrich Schink, Marionettentheater, Vienne/Berlin/Weimar, 1778, p. 3-124
Johann Friedrich Schink: Hanswurst von Salzburg mit dem hölzernen Gat / Der neue Doktor Faust, Berlin: Holzinger, 2013