Precipício de Faetonte - António José da Silva (dit O Judeu)

Precipício de Faetonte

António José da Silva (dit O Judeu) | 1738 | Lisbonne, Portugal
Genre (indiqué par l’auteur)
Ópera
Personnages
Faetonte, Albano, Mecenas, Tages, Fíton, Chichisbéu, Egéria, Ismene, Chirinola, Apolo
Nombre d’actes
3
Notice

Precipício de Faetonte (La Chute de Phaéton) est le dernier d’une série d’opéras d'António José da Silva inspirés par la mythologie antique, qui trouvent leur source en particulier dans les Métamorphoses d’Ovide. En 1683, Lully et Quinault avaient consacré à l’histoire de Phaéton un opéra dont le succès avait assuré la circulation dans les Cours européennes : on y voyait le char du Soleil, conduit par son fils Phaéton, incendiant les villes du monde.

Dans le livret de da Silva, écrit pour une musique d’Antόnio Teixeira aujourd'hui perdue, le fils du Soleil est aux prises avec une intrigue amoureuse croisée, sur le modèle de celles qui avaient déjà fait le succès de da Silva depuis Os Encantos de Medeia (1735) et surtout As Variedades de Proteu (1737). Comme dans As Variedades de Proteu, da Silva abandonne ici la construction en deux parties au profit d'une forme en trois actes. L’atmosphère de la pastorale baroque, mise en place dans le cadre d’une intrigue extrêmement compliquée jouant de vraies-fausses identités et de vraies-fausses révélations, permet de mettre sur scène les morceaux de bravoure que sont l’arrivée d’Egéria sur un coquillage tiré par des tritons, l’envol et la chute du char conduit par Faetonte ou l'apparition d'Apolo sur une nuée, mais aussi d'animer un univers où les décors obéissent aux personnages : le magicien Fíton, central comme l'était Dédalo dans O Labirinto de Creta, éteint les lumières et fait se mouvoir les arbres, laissant planer le doute sur la vérité des signes envoyés par Apolo pour reconnaître son fils. Da Silva poursuit ici un travail sur la porosité entre personnages et éléments, que l’on trouvait déjà dans Os Encantos de Medeia et dans As Variedades de Proteu : Egéria génère le fleuve de larmes dans lequel se noie Faetonte ; Apolo est aussi bien le soleil qui éclaire le plateau que le deus ex machina agissant pour ressusciter son enfant. D’autres métamorphoses servent de contre-point burlesque aux échanges amoureux des personnages principaux : le nez de Chichisbéu, notamment, s’étire à mesure qu’il ment à Chirinola. Comme dans nombre des opéras de da Silva, les conversations épiées permettent à l'intrigue d'avancer de révélation en révélation, et c'est le personnage du gracioso (valet comique) qui, par ses indiscrétions, mène la pièce vers son dénouement.

Résumé

Un homme cherche la bien-aimée dont il a vu le portrait

Faetonte est venu en Italie à la recherche de la jeune femme dont un portrait l'a rendu amoureux. Il rencontre Egéria, fille de Tirreno, qui a été spoliée de son royaume par son oncle Tages. Celui-ci veut mettre sur le trône sa fille Ismene, à qui il donnera la main de son neveu Albano. Faetonte, qui ignore qu'il est le fils du Soleil, se présente comme un berger venu de Thessalie: elle tombe amoureuse de lui et lui demande de la venger en tuant Ismene. Faetonte retrouve Fíton, magicien qui l’a suivi de Thessalie. Le serviteur Chichisbéu, qui a lui aussi suivi son maître Faetonte, est pris pour le magicien et fait prisonnier par les soldats de Tages. Albano s’inquiète, car il a trahi l’amour d’Egéria pour Ismene. Tages annonce l’arrivée d’un grand magicien : il espère qu’il lui révélera l’identité du fils du Soleil, que l’on sait dans la province. Faetonte arrive au palais de Tages où il retrouve Chichisbéu, sommé de retrouver le fils du Soleil. Faetonte lui propose de le désigner comme tel, ce qui lui permet de s’introduire au palais. Chichisbéu tente sans succès de séduire Chirinola, la servante d'Egéria : son nez s'allonge au gré de ses mensonges. Faetonte, sur le point de tuer Ismene, reconnaît en elle la jeune femme du portrait : son geste est arrêté, elle appelle les soldats, mais il s’enfuit à la faveur de l'obscurité créée par Fíton. Ismene demande à Albano de la venger.

Albano demande à Chichisbéu l’identité du meurtrier : le faux magicien lui indique qu’il le trouvera dans la forêt. Le Roi avoue qu’il préférerait donner la main de sa fille au fils du Soleil qu’à Albano, en qui il n’a pas confiance. Dans la forêt, Ismene arrive pour chasser et blesse Faetonte, le prenant pour un animal. Il tombe à ses pieds et lui déclare son amour. Albano se persuade que Faetonte est le meurtrier d’Ismene et décide de l’achever. Chichisbeo l’arrête et annonce que Faetonte est le fils du Soleil ; les arbres se mettent en mouvement sur l’ordre d’Apolo pour confirmer la nouvelle et il est escorté en grande pompe chez le Roi. Egéria, qui trouve du sang à terre, pense que Faetonte a tué Ismene et le croit prisonnier. Faetonte déclare son amour à Ismene, qui reconnaît entre ses mains le portrait qu’elle avait fait envoyer à son futur époux le Prince de Rodes. Lors de la cérémonie qui doit unir Ismene à Albano, Fíton éteint les lumières : utilisant ce présage comme un signe d’Apolo, le Roi suspend le mariage.

Fíton révèle à Faetonte qu’il est vraiment le fils du Soleil, mais que la connaissance de son identité causera sa chute. Le Roi veut donner Ismene au fils du Soleil et réserve Egéria à Albano. Albano et Faetonte se battent, mais sont arrêtés par Ismene qui en appelle à la volonté des dieux. Pour gagner les faveurs de Chirinola, Chichisbéu lui révèle sa véritable identité et lui affirme que Faetonte n’est qu’un berger. Ismene et Albano, qui les épient, croient apprendre la vérité : le Roi annonce qu’il donnera sa fille à Albano pendant que Faetonte se désespère. Lors d’une dispute avec Fiton, il décide de demander à son père confirmation de son identité : Apolo lui confie son char, les chevaux s’emballent et le précipitent dans la mer où se trouve Egéria qui reçoit dans ses bras le corps sans vie. Apolo ressuscite son fils qui épouse Egéria, tandis que Chirinola accepte la main de Chichisbéu.

Œuvres corrélées
Metamorphoseon Libri, Ovide (Publius Ovidius, dit Naso) – 1er siècle après J.-C.
Date d’écriture
1738

Première représentation

Lisbonne, Portugal, Janvier 1738 -

Teatro do Bairro Alto

Éditions et traductions

Édition

Theatro comico português, vol. II, Lisboa, Francisco Luis Almeno, 1744

Édition moderne

António José da Silva (O Judeu), Obras completas, vol. IV. Lisboa: Livraria Sá da Costa, 1957

Lieu de conservation

John Carter Brown Library - Rhode Island, États-Unis
Langue
Portugais
Registres littéraires
Merveilleux, Pastoral, Lyrique, Burlesque
Techniques d’animation
Marionnette à tringle et à fils, Grande marionnette
Public visé
Non spécifié
Licence
Domaine public

Mots-clés

Procédés théâtraux

Permalien

Rédaction de la notice

Marie Saint Martin