Till Eulenspiegel (Till l'espiègle) est né d'une commande d'écriture passée en 1984 à Patrick Boman par le marionnettiste Alain Recoing pour le théâtre qu'il dirigeait à Paris, Théâtre aux mains nues. Alain Recoing était en effet fasciné par le Till Ulenspiegel de Charles De Coster, un ouvrage majeur de la littérature belge francophone. L'adaptation pour le théâtre de marionnettes réalisée par Patrick Boman s'inspire à la fois du texte de De Coster, où Till est un héros engagé pour la libération des Flandres face à l’occupant espagnol, et de la multitude d'interprétations de la figure populaire de l'escroc médiéval. Le texte n'a finalement pas été joué par Alain Recoing, mais par son fils ainé Blaise qui, dix ans plus tard, l'a mis en scène avec sa compagnie, le Théâtre des 3 singes. Selon le témoignage de l'auteur, Blaise Recoing a beaucoup changé le texte au fil des représentation: "En fait, le texte que je vous restitue aujourd’hui n’a peut-être jamais été joué in extenso !", déclare Patrick Boman.

Le Montreur et le Diable disputent de la nature de Till Eulenspiegel: héros de la liberté des Flandres pour le premier, "fripon, paillard, ivrogne et paresseux" pour le second. Pendant sa jeunesse, Till va de fête en fête avec son ami Lamme et tombe amoureux de la jeune fille Nele. Le temps passe, et son pays, dominé par les Espagnols, vit dans la pauvreté et dans la crainte de l'Inquisition. Évitant autant que possible tout travail honnête, Till continue de procurer de l'argent à ses parents grâce à toutes sortes d'escroqueries. Son père est finalement tué par les inquisiteurs et sa mère meurt peu après de chagrin. Till veut alors venger la mort de son père : avec l'aide de Lamme et de Guillaume le Taciturne, il forme une armée de gueux et entre en résistance. Till est arrêté par les gendarmes mais, au moment d'être pendu, il parvient à s'échapper grâce à une ruse. Il retrouve sa bien-aimée Nele et, au Diable qui lui rappelle qu'il est mortel comme tout le monde, il répond: "J’entends bien ? On veut ma mort ? Bélîtres, pédants, pisse-menu !".