Imprimé
70 pages
Auteur(s)
Der Schmied von Jüterbock und sein Geselle Kasper
Nach einer alten Erzählung für das Kasperltheater bearbeitet
Le titre de la pièce précise qu'il s'agit de la réécriture d'une vieille histoire, adaptée par l'auteur au « théâtre de Kasperl », le théâtre de marionnettes. La pièce reprend sur un ton tantôt burlesque, tantôt inspiré de la dévotion populaire si prégnante dans la région dite des Sudètes (le nord de la Bohême, majoritairement germanophone et catholique), non seulement une légende rapportée par le compilateur de contes et écrivain romantique Ludwig Bechstein (1801-1860), mais aussi des motifs du théâtre de marionnettes traditionnel de l'espace sud-allemand et autrichien. On y voit le héros triompher de la mort et du diable, mais incapable en revanche de liquider définitivement sa femme, comme c'était le cas par exemple dans le cycle de pièces pour théâtre de Kasperl publié par le dessinateur Carl Reinhardt dans les Münchener Bilderbogen. Quant à l'épisode où Kasperl abat sa femme d'un coup de pistolet, puis assassine l'agent de police qui l'a pris sur le fait, et cherche à se débarrasser des corps qu'il a enfermés dans une boîte, il correspond très exactement au scénario que rapporte l'écrivain viennois Felix Salten d'une de ses visites au Prater, où on donnait des spectacles de marionnettes à gaine sans parole. Franz August Rokos précise pour sa part que la pièce peut être jouée soit avec des marionnettes à gaine, soit avec des marionnettes à fils (vraisemblablement des marionnettes à fils et tringle comme on continuait d'en utiliser dans les pays tchèques).
Les héros triomphent de la mort et du diable
Saint Pierre descend sur terre pour accorder à trois personnes de son choix l'accomplissement de trois vœux chacun. Le premier, un forgeron, souhaite que toute personne qui monte dans son poirier pour y chaparder ses poires ne puisse plus en redescendre sans son autorisation, que les gens ne puissent entrer chez lui pour le déranger que par le trou de la serrure et que sa musette se remplisse de tout ce qu'il veut y avoir. Peterle, le jeune garçon qui l'assiste à la forge, souhaite revoir ses parents au paradis, avoir la santé et être toujours d'humeur riante. Kasperl, à son tour, va voir Saint Pierre et obtient que trois vœux lui soient exaucés, mais demande à se concerter auparavant avec sa femme Gretl. Cependant, ils sont incapables de s'entendre. Gretl laisse finalement échapper qu'elle voudrait des saucisses, qui sont aussitôt sur la table. De dépit, Kasperl souhaite que les saucisses lui pendent au nez, mais il n'arrive plus ensuite à les lui enlever, essaie de les tirer au pistolet et abat sa femme par mégarde. Survient un policier, qu'il assassine en l'étouffant dans la boîte où celui-ci a découvert le cadavre de Gretl. Quand il est sur le point de jeter la boîte à l'eau, le diable en surgit, lui ressuscite sa femme et le bat. C'est maintenant l'heure pour le forgeron de mourir. La Mort, avec un clou en travers du crâne, vient le voir. Le forgeron lui demande de cueillir pour lui une poire avant de la suivre. La Mort monte dans l'arbre et ne peut plus redescendre avant d'avoir promis au forgeron de ne plus jamais revenir le voir. Elle touche en revanche le jeune Peterle, qui avait ri de la voir en si fâcheuse posture, et il entre au paradis. Puis la Mort envoie le diable tourmenter le forgeron, mais celui-ci, en compagnie de Kasperl, l'attrape dans un sac au moment où il passe par le trou de la serrure et le rosse d'importance. Pour venger le diable, la Mort attend Kasperl au dehors, mais il parvient à lui clouer le crâne à un arbre et ne la libère qu'à condition qu'elle le laisse désormais tranquille lui aussi. Après la Première Guerre mondiale, toutefois, ni le forgeron ni Kasperl n'ont plus goût à la vie. On les refuse pourtant aussi bien au Paradis qu'en Enfer. Le forgeron jette alors sa musette par dessus le mur du paradis et souhaite s'y trouver lui-même : il dupe ainsi Saint Pierre. Il reste à Kasperl un dernier souhait : il demande la résurrection du policier, de façon à ne plus avoir sa mort sur la conscience. L'entrée au paradis lui est enfin accordée, mais après quelques années de purgatoire : il devra retourner auprès de sa femme.
Éditions et traductions
August Franz Rokos: Der Schmied von Jüterbock und sein Geselle Kasper, Prag, Haase, 1922